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La crise boursière affecte la crédibilité de Pékin

30/08/2015

La crise boursière affecte la crédibilité de Pékin

Le succès de la restauration capitaliste en Chine repose sur le renforcement de la bureaucratie du Parti Communiste. Le coup le plus fort porté par les derniers évènements de la Bourse et sur le marché des devises est d’avoir affaibli la crédibilité du parti, son actif le plus précieux.

Après avoir dépensé 200 milliards de dollars d’achats d’actions dans le but d’atténuer leur baisse de prix des sept dernières semaines, Pékin a finalement abandonné hier face aux marchés, choisissant de ne pas intervenir quand l’Indice Composé de Shanghai a chuté de 8,5%. La plus forte baisse enregistrée cet été, qui est en train de se transformer en cauchemar pour les investisseurs chez le géant asiatique. De fait, c’est la plus forte chute depuis juillet 2007.

Mesures d’intervention sans précédent pour revitaliser le marché d’actions

Comme nous l’avons écrit précédemment, les Bourses chinoises ont subi en juin et début juillet leur pire chute depuis des décennies. Avant cela, de novembre ã juin, les marchés avaient connu une euphorie haussière durant laquelle les deux principaux indices boursiers chinois arrivèrent ã se revaloriser de 150%. Le mois dernier, les investisseurs sont entré dans une spirale de ventes provoquant pour les indices une perte du tiers de leur valeur en moins d’un mois, et que s’évaporent 2, 9 billiards d’euros en capitalisation boursière, un chiffre qui dépasse le PIB du Royaume-Uni. La moitié des compagnies qui cotisaient dans ces deux indices ont suspendu la négociation pour éviter que les pertes soient supérieures.

Le gouvernement a donc décidé de lancer un programme de mesures sans précédent pour soutenir le marché. La Banque centrale chinoise a abaissé ses principaux taux d’intérêt tout en réduisant le ratio de réserves obligatoires des banques. La Commission chinoise de régulation des marchés financiers (CSRC) a également décidé d’un assouplissement des règles restreignant les opérations sur marge ainsi qu’une réduction des frais de transaction boursière. Plus tard, le gouvernement annonçait aussi un projet d’introduction en Bourse de fonds de pension, d’importants investisseurs institutionnels dont les achats de titres sur le marché devaient permettre de soutenir les cours. Afin d’enrayer la dégringolade, la CSRC a également réduit le nombre et l’ampleur des nouvelles introductions en Bourse, puis est allée encore plus loin en les stoppant pour le moment. De son côté, la Banque centrale chinoise a annoncé qu’elle allait fournir des liquidités à la China Securities Finance Corp, une société publique de financement d’opérations sur marges, afin de « protéger la stabilité du marché actions », tandis que les 21 plus grosses maisons de courtage ont indiqué qu’elles allaient investir au moins 120 milliards de yuans (19,3 milliards de dollars) dans des actions.

D’autre part, le gouvernement Chinois a même commencé une investigation policière contre la « vente ã découvert d’actions malveillantes », sans que pour l’instant l’on soit informé d’arrestations ou condamnations.
L’intervention gouvernementale qui est toujours en cours, avait calmé les investisseurs, freiné l’hémorragie et réussi ã ce que plusieurs entreprises recommencent ã investir. A partir de ce moment et en seulement deux semaines, les indices de Shanghai et Shenzen se sont revalorisés respectivement de 15,5% et 21% jusqu’à la journée d’hier.

Pékin perd la bataille : le lundi noir et les limites du pouvoir d’intervention de la bureaucratie

Les leaders de Pékin semblent avoir tardivement décidé qu’il est trop cher et en dernière instance inutile de lutter contre la chute de son marché d’actions, surtout quand le gouvernement intervient par ailleurs ã une échelle massive pour que sa monnaie ne se dévalue pas d’avantage. Depuis que la Banque Populaire de Chine a dévalué sa monnaie et introduit un nouveau mécanisme de fixation du taux de change le 11 août, cette institution a dû dépenser 200 milliards de dollars des réserves en devise du pays pour éviter que le yuan chute plus que ce qui était voulu. C’est plus que ce que la Banque Populaire de Chine a dépensé ces deux dernières années pour maintenir sa monnaie au niveau voulu face au dollar. La réalité est qu’après avoir dépensé plus de 400 milliards de dollars sur le marché des changes et d’actions, sa situation est pire qu’avant d’avoir fait tout cela.

Un mélange de trop de confiance et de non anticipation de l’énorme réaction qu’allait générer la dévaluation dans un marché mondial qui se rétrécit de manière accélérée et craint une dévaluation massive chinoise, qui en se produisant allait donner le coup de grâce à la situation déjà critique des autres « pays émergents ». Il est clair que la Chine a la plus grosse réserve de devises du monde, avec 3, 650 billiards de dollars ã fin juillet, mais qui sont en train de se réduire quasiment au même rythme auquel elles ont été accumulés ces dernières années.

L’image d’un Pékin blessé au moment d’affronter une difficile crise de transition
Durant plusieurs années, Pékin s’est construit une réputation d’administrateur compétent de l’économie. Qui plus que la Chine elle-même pouvait présumer de 30 ans de croissance ã deux chiffres et la transformation d’un pays arriéré en une puissance industrialisée ? Cette auto-confiance s’est même multipliée après la crise de 2007-2008, quand les dirigeants chinois pensaient que leur modèle étatiste pouvait l’emporter sur le modèle de libre marché anglo-saxon. La déroute sur le marché des actions a quasiment détruit leurs illusions. C’est que sa mauvaise gestion des crises boursières et la chute qui s’en est suivie a sérieusement impacté son image. Bien que la chute dans le marché d’actions aura un impact limité sur l’économie, elle a touché à l’actif le plus précieux de Pékin : sa crédibilité. Le fait que le principal moteur de recherche chinois Baidu censure les recherches liées à la crise boursière en est une démonstration pathétique.

Stratégiquement, c’est le pire inconvénient que pouvait escompter la bureaucratie chinoise face à la période la plus difficile dans laquelle elle entre : une crise de transition sans précédent depuis que Deng Xiaoping a lancé le tournant pro-capitaliste de la fin des années 1970. La nécessité d’obtenir un fort rééquilibrage de son économie, qui souffre d’un accroissement incessant de la part du capital fixe dans le PIB, vers un modèle plus basé sur la consommation interne et les services sans que ne se produise entre-temps une chute brutale du PIB, revient quasiment à la quadrature du cercle. Certains spécialistes dédramatisent les évènements actuels en expliquant que d’un côté, la correction réalisée dans l’investissement immobilier est positive étant donné que la Chine souffrait d’une bulle immobilière comme l’Irlande ou l’Etat Espagnol avant que leurs marchés ne chutent alors qu’ils insistent sur le fait que loin d’une forte récession, la Chine se trouve dans un cercle vertueux dans le secteur des services, après une décennie de relative stagnation, elle serait en train de croitre plus que le PIB tout en générant des emplois, puisque la force de travail est plus nombreuse dans le secteur des services que dans l’industrie. Mais la réalité est que la suraccumulation a été tellement massive qu’il est pratiquement impossible pour les autres secteurs de remplir le vide qui a commencé ã se créer. Cette vieille idée est basée sur la supposition naïve selon laquelle le gouvernement chinois a toujours eu le contrôle de la situation et qu’il ne le perdra jamais. Le plus grave est que beaucoup de marxistes y ont cru eux aussi. Le fait que depuis qu’elle ait commencé les réformes pro-capitalistes, la bureaucratie chinoise n’a pas subi le même sort que la bureaucratie stalinienne de Moscou à la fin des années 80, ou qu’elle ait évité les dures chutes de ses voisins durant la Crises Asiatique dans les années 97-98 ou plus tard qu’elle ait récupéré rapidement de la Grande Récession de 2007-2008, ne veut pas dire que cela sera toujours le cas. En vérité, tous les exemples historiques d’une suraccumulation similaire représentent un énorme défi pour les bases de son pouvoir.

Que ce soit depuis l’économie, que ce soit ã propos de l’environnement comme le montre la catastrophe industrielle de Tianjin, dont les séquelles n’ont pas disparu, la domination de Pékin va être mise en question. Un point central sera de voir sa gestion du chômage, question politiquement plus sensible que celle du PIB. Un des indicateurs chinois les plus difficilement crédible est que, quoiqu’il arrive, le taux de chômage se trouvera toujours autour de 4%. En fait, il pourrait augmenter rapidement si les exportations continuaient ã chuter et si cela se ressentait encore plus dans la production industrielle. La Chine d’aujourd’hui est plus urbaine mais n’a aucune garantie pour donner une couverture sociale en cas de licenciement, en plus des difficultés ã trouver un travail adéquat pour 7 millions de diplômés chaque année. Dans ce contexte, on peut prévoir de grandes agitations sociales. Une chose est sûre : après les « trente glorieuses chinoises », les trois prochaines décennies ne seront pas les mêmes que les trois dernières.

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